À Poêle

Marie-Victoire et Arthur Viot

Dans ce nouvel épisode, nous sommes aujourd’hui ravies de recevoir Marie-Victoire et Arthur Viot de la poissonnerie parisienne du même nom.

Respectivement ingénieure et juriste, Marie-Victoire et Arthur Viot ne se prédestinaient pas du tout à secouer le milieu de la poissonnerie. Intrigués par le manque d’intérêt envers ce métier, ils mettent un pied puis deux dedans jusqu’à en détricoter les us et coutumes, à renfort d’arguments scientifiques et juridiques. De là, le couple imagine une poissonnerie nouvelle génération sans glace, où les poissons sont apprêtés puis maturés tels des joyaux dans des vitrines réfrigérées et où chaque espèce gagne, sous leurs bons traitements, en texture et en saveur. 

Avec Marie-Victoire et Arthur, nous avons parlé de bien-être au travail, d’abattoir, d’instinct et de longueur en bouche. 

Bonne écoute !

JG : Tu parlais d’être concret, c’est ça que vous cherchiez, de faire quelque chose de plus manuel, d'artisanal ?

MVV : En fait, je pense qu'aujourd'hui, nous vivons dans une société où les parcours sont tellement bien définis que lorsqu'on voit quelqu’un qui aime les maths, il va faire une formation d'ingénieur. Quelqu'un qui sait écrire va faire du droit, et quelqu'un qui sait compter va faire de l’économie. Je me suis vite rendue compte que j'avais été mise dans une voie sans jamais savoir vraiment ce que je voulais faire. À un moment, je voulais être pilote de ligne, pédiatre, boulangère... Mais à partir de 15 ans, je n'avais plus de direction. Cela m'a menée jusqu'à la fin de mes études où j'ai fait plusieurs métiers, mais même si ces métiers m'intéressaient beaucoup, je me suis rendue compte que je n'avais pas fait le travail manuel au départ. Je pense que dans nos formations aujourd'hui, malheureusement, en tout cas pour moi, j'avais besoin de quelque chose de manuel pour me construire. Alors, j’ai décidé de recommencer. Et en fait, je me suis rendue compte comme ça qu'Arthur et moi voulions créer une entreprise de nos mains, et voir où cela nous mènerait. Aujourd'hui, nous avons innové, fait des choses différentes, structuré des entreprises, et ce qui me plaît maintenant, c’est quelque chose de peut-être un peu moins concret, mais je suis partie du concret.

JG : Vous avez identifié, dans votre envie de retour à un métier plus artisanal, que la poissonnerie était vraiment à la traîne. Vous aviez envie de redonner du sexy à cette filière.

AV : Oui, c'était vraiment de vouloir rendre le métier plus beau et plus agréable, de le faire avec notre approche, complètement extérieure, avec un regard pur. Ensuite, cela a été une suite d'événements. Les pratiques que nous avons mises en place ont bouleversé la façon dont on présente le poisson, donc la manière dont on organise la poissonnerie, le choix du poisson, la discussion avec les marayeurs et les pêcheurs. Nous nous sommes rendus compte que cette volonté de rendre le métier plus beau avait un impact direct sur la pêche, le choix des poissons, le transport, la considération du poisson. C'était une cascade, un effet domino de tout ce qu'il fallait changer ou faire évoluer.

Finalement, je vais utiliser un terme un peu barbare, mais on a marketé le métier pour attirer. Ce qui a de l'influence, c'est ce qui est marketé, ce qui brille, ce qui fait que les gens trouvent beau. Évidemment que c'est une influence, il ne faut pas négliger ça. Regardez la puissance des marques de luxe aujourd'hui. La mode, et c'est vrai qu’il n’y a pas de raison que les métiers d'artisans ne fassent pas partie de cette dynamique.

MVV : Marketer, c’est un peu dur quand même. Tu veux plutôt dire style, tendance.

AV : Oui, c’est vrai. Ça peut avoir une connotation un peu négative de dire voilà on a mis un enrobage qui est un peu un cache-misère. Alors que quand je dis marketer, c'est vraiment plutôt rendre beau, influencer dans la tendance, et non pas habillé sans fond.

“Si j'avais un truc à dire qui résume tout ce qu'on fait au quotidien c'est : donner du sens”

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