À Poêle

Antoine Villard

Dans ce nouvel épisode, nous sommes ravies de recevoir Antoine Villard. 

Le restaurant Dandelion est un de mes coups de cœur de ces dernières semaines ! Posé sur une charmante place d’un quartier parisien aux allures de village, ce restaurant enchante, autant que la cuisine de son chef Antoine Villard et la salle drivée par sa compagne Morgane Souris. Formés à bonne école (celle du Septime, du Servan ou du Quinsou entre autres), le couple a mis pas mal de temps à maturer son projet et trace aujourd’hui sa propre route, avec un délicieux mélange de maturité et de candeur. 

Avec Antoine, nous avons parlé de cohérence de cartes, de préserver ses week-ends, de se mettre à la place du client et de patience. 

Bonne écoute !

J.G. : Tu as arrêté ton expérience à Double Dragon au moment du Covid. Est-ce que c’est le Covid qui l’a arrêtée ou tu avais envie d’évoluer ?

A.V. : Non, c’était prévu que je parte à ce moment-là. Le Covid est tombé deux semaines avant mon départ officiel de Double Dragon. Là, gros cut… Je n’avais pas d’objectif précis derrière, mais mon but, c’était d’ouvrir un restaurant. Depuis le départ de Septime (en 2017), je me suis dit : "Ça y est, je suis prêt à ouvrir un restaurant", et j’ai vu que ça se décalait beaucoup. C’est ce que je dis souvent aux jeunes chef·fes : prends ton temps, c’est bien de prendre son temps et d’arriver à maturité.

J.G. : Mais tu as toujours eu envie d’ouvrir un restaurant ? Dès que tu t’es lancé dans la cuisine, c'était toujours dans un coin de ta tête ?

A.V. : Oui, ça l’était. Les issues, quand tu es chef, étaient assez limitées. Maintenant, on trouve d’autres façons de faire ce métier. Quand on voit Zélikha de Caro Diario, par exemple, on se dit qu’on peut être designer culinaire, on peut être traiteur, on peut faire des événements, parcourir le monde… Et je l’ai fait en partie en faisant des événements. Mais à l’époque, à part ouvrir un restaurant, il n’y avait pas beaucoup d’options.
Depuis tout petit, je me suis dit : "J’ouvrirai un restaurant un jour !" Il y a des gens faits pour être chef/restaurateur et d’autres chef/employé. Moi, je me voyais vraiment comme chef et restaurateur en même temps, où tu peux tout contrôler.

J.G. : Tu disais que la maturation avait été assez longue avant d’ouvrir ton restaurant ?

A.V. : Oui, je dois avouer que le Covid n’a pas aidé. D’un côté, ça m’a aidé, car ça a vraiment saturé ma réflexion : j’ai fait plein de petits boulots, des résidences, des extras, et je me suis rendu compte assez rapidement que je n’étais pas complètement prêt niveau budget, recherches...
J’ai commencé à chercher des locaux, mais la période n'était pas idéale, donc j’étais chef en résidence à côté et j’en ai profité pour diffuser mon nom et acquérir de l’expérience (avec We Are Ona, Fulgurances). C’était hyper intéressant et ça m’a donné ce côté couteau suisse qui me sert dans ma cuisine et qui sert le client. Ça m’a aidé à pousser la réflexion et ça m’a fait une pause dans la restauration traditionnelle aussi. Il faut aussi avouer que faire des résidences, ça reste plus lucratif et tu travailles beaucoup moins que si tu avais un poste de chef dans un restaurant. Tous les dîners que j’ai faits ont aidé à asseoir quelque chose, à être un petit peu attendu, je pense aussi.

J.G. : Est-ce qu’il a déjà été question pour toi d’ouvrir un restaurant gastronomique ?

A.V. : Oui, d'ailleurs, dans la genèse du projet, c'était un menu dégustation et, en fait, ça s'est rapidement transformé en un menu à la carte, parce que la réflexion a été assez rapide : "Bon, qu'est-ce que j'aime manger ? Où est-ce que j'aime aller ? Quels sont les restaurants où j'ai envie de retourner encore et encore ?" En fait, je crois que le modèle du menu dégustation ne me convenait plus, même en tant que client. Je ne voulais pas d’un truc trop guindé. Le menu dégustation impose quelque chose dans un restaurant, et je crois que je me sentais plus à l'aise dans un format à la carte.
Morgane, ma compagne et associée, bossait à l'époque chez Parcelles dans le Marais. C'était un menu à la carte, et on adorait : elle adorait y travailler et j’adorais venir y manger ! Le côté décomplexé de la carte bistrot, qu’on retrouve au Servan, chez Passerini aussi, ça a été de grosses inspirations. Ce sont des endroits où l’on peut retourner tous les jours.

“Je crois qu'il faut faire un endroit personnel aussi, faire attention à ne pas se laisser trop influencer.”

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Photos © Anaïs Coudon


Où goûter ce qu’il a dans la poêle ?

Dandelion
46, rue des Vignoles
75020 Paris

Où le suivre ?
@antoine_villard
@restaurant.dandelion