À Poêle

Alessandro Candido et Camille Guillaud

Dans ce nouvel épisode, nous sommes ravies de recevoir Alessandro Candido et Camille Guillaud des restaurants Candide et Michelle Mabelle, à Paris. 

Déjeuner ou dîner chez Candide, l’auberge parisienne d’Aless et Camille, à Belleville, ne laisse pas indifférent. C’est simple, après avoir mangé là-bas, on a envie 1. de les prendre dans nos bras 2. d’y retourner très vite. Ils ont une façon hyper spontanée et humble de recevoir, de nourrir, mêlant habilement technique et savoir-faire, humanité et délicatesse. Jour après jour, ils donnent et redonnent, c’est certain, leurs lettres de noblesse au métier de restaurateurs. 

Avec Alessandro et Camille, nous avons parlé de prendre les choses à coeur, de ressentir, d’huile d’olive et du titre de Meilleur Ouvrier de France. 

Bonne écoute !

JG : Le projet d'ouvrir un restaurant est vraiment venu ensemble ?

CG : C'est un projet de vie commune, c'est un projet d'amour aussi parce qu'initialement, Alessandro pensait ouvrir son restaurant seul. La petite histoire, c'est que moi, à ce moment-là, j'étais chez Deliveroo. J'y ai passé quatre ans et demi, une expérience incroyable. Malgré tout, aujourd'hui, je ne me retrouve pas forcément dans le modèle économique ou dans l'éthique, mais j'ai passé quatre ans incroyables. Une nuit, j'ai eu une insomnie, et Alessandro avait déjà trouvé le restaurant, c’était bien avancé. Je lui ai dit : "Est-ce que ça te dit, ce soir, on se retrouve après le boulot et on va boire un verre ensemble ?" Et du coup, je lui ai soumis la proposition. L'idée n'était pas de m'imposer sur le projet, mais de faire ce choix ensemble. En fait, je me suis greffée au projet parce qu'on se complète dans nos compétences. Nous avons une approche et une expertise complètement différentes, et on s'est dit : "Est-ce que finalement, à deux, on ne serait pas plus forts ?"

AC : Je la remercie encore.

JG : Vous avez eu quelques mois d'exploitation à l’ouverture du restaurant et après il y a eu le Covid, et après, il y a eu les ouvertures, les fermetures et tout ça.

AC : C'était un peu compliqué.

CG : La fermeture annoncée au début pour le Covid, qui était, je crois, de deux ou trois semaines, deux semaines en toute transparence, nous, on l'a vue comme une grosse aubaine. On était au bout du rouleau. Je pense qu'on avait perdu tous les deux 15 kilos, enfin vraiment, on était épuisés. Les week-ends, on ne faisait que dormir, manger, dormir, manger. Enfin voilà. Les premiers mois, c'était assez compliqué physiquement et émotionnellement. C'était une sacré épreuve, mais on l’a vue comme une aubaine naïvement. On s'est dit qu'on allait avoir deux semaines pour tout mettre à plat, tout mettre au carré. Tous les matins, on était là à 8h30-9h, on repartait le soir à 1h du matin. On n'avait le temps de rien, on courait partout tout le temps. Donc, on a vu ça comme une aubaine, avec le stress évidemment que tout le monde a eu à ce moment-là. De façon indéniable, personne ne savait trop où on allait. Cette aventure était quand même un peu anxiogène pour tout le monde à ce moment-là. Nous, on l'a aussi vécu comme ça, mais du point de vue du restaurant, on l'a vu à un moment donné comme une aubaine. Mais après, ça s'est un peu transformé…

JG : Et dès le départ, c'était lié aussi à la configuration du lieu. En tout cas, il y avait cette idée de resto un peu 3 en 1 avec restaurant, comptoir et rôtissoire. C'est un drôle d’objet que l’on voit bien. Il n’était pas là ?

AC : Non, on l’a fait faire sur mesure. C’est un artisan dans l'Essonne qui s'appelle... enfin, la boîte s'appelle Les Façonneurs de la Rôtissoire, tout simplement. Et il a fait des rôtissoires pour Alain Ducasse, Jean-François Piège, enfin j'en passe. C’est le monsieur rôtissoire en France, et c'est un bel outil de travail et à regarder.

JG : Vous portez vraiment une attention très forte au sourcing, aux matières premières. Je pense aussi que c’est lié à vos enfances respectives, mais c'est quelque chose que vous voulez aussi transmettre aux clients et que vous mettez fortement en avant, même sur votre compte Instagram et dans votre cuisine.

AC : Oui, je pense que les produits font partie de notre ADN. Enfin, je veux dire, il y a quelque chose qui me tient vraiment à cœur, c'est qu'on utilise l'huile d'olive de mon grand-père. Et ça, pour le coup, au-delà d'être un luxe, il y a peu de chefs qui ont leur propre huile d’olive. Ils peuvent avoir 2-3 étoiles Michelin, mais il n'y en a pas beaucoup qui ont ça ! Au-delà d’être une fierté, émotionnellement, c'est génial, parce qu'à chaque fois que je démarre une sauce ou n'importe quoi avec de l'huile d'olive et des oignons, j'ai la même odeur que j'avais à 8h du matin quand ma grand-mère faisait la sauce à la maison en Calabre. C’est incroyable, rien que ça. Enfin, ça c'est un début, mais je ne veux pas m'en passer. On la chérie, on fait en sorte d’en avoir assez pour nous, on en vend un petit peu à des copains, mais voilà, c'est vraiment ça, c'est la base. Après, c’est les producteurs. On travaille avec des gens... enfin, moi, personnellement, depuis plus de 10 ans, je travaille avec les mêmes personnes. Pendant le Covid, cela a été un des avantages du Covid : on allait voir pas mal de vignerons et sourcer le vin directement auprès d'eux. Ça n’a pas de prix. On arrive à comprendre ce qu’il s’est passé à deux semaines près dans l'année, dans le millésime, dans le terroir, et on comprend beaucoup de réalités et de problématiques auxquels ils sont confrontés. C’est génial.

“On se sent investis d’une mission en tant que professionnels de la restauration. Donc, on n'a pas d'excuses pour ne pas comprendre ce que l'on sert aux gens et ne pas comprendre l'impact qu'il y a derrière.”

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Où goûter ce qu’il y a dans la poêle ?

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